mardi 29 mai 2012

RETOUR A MATTERHORN DE KARL MARLANTES AUX EDITIONS CALMANN LEVY

Dire la guerre, surtout une guerre aussi controversée que celle du Vietnam, n’est pas facile. À s’en tenir aux « faits », on risque de tomber dans la répétition infinie de scènes de batailles ou de corvées. Quant à faire de ce qui se résume à tuer l’ennemi un récit héroïque, c’est aplatir la réalité sous le grandiose. Et la réalité de la Compagnie Bravo dirigée par le jeune lieutenant Mellas n’a rien d’excitant : prendre la colline de Matterhorn pour en faire un poste fortifié apte à soutenir tous les assauts de l’armée nord-vietnamienne près de la frontière du Laos, puis devoir l’abandonner pour aller exécuter, sans munitions et nourriture suffisantes, une autre tâche plus au sud et devoir ensuite réinvestir la colline, telle est l’absurde aventure narrée dans ce roman que les critiques américaines et anglaises mettent unanimement sur le même plan que Les Nus et les morts de Mailer, À l’Ouest, rien de nouveau de Remarque et Catch-22 de Heller. Ainsi, ce que vivent ces « gamins » noirs et blancs pour la première fois intégrés dans le même corps des marines est-il tout à la fois terrifiant, héroïque, cruel, vain, tendre, ridicule, absurde, désespérant et sublime. Que ce soit lorsqu’ils marchent dans une jungle infestée de tigres et de sangsues, lorsqu’ils s’enfoncent dans leurs trous de combat boueux ou lorsque, pris de racisme, d’ennui ou de folie meurtrière, ils commettent l’irréparable, il est impossible au lecteur de ne pas être fasciné par ce récit d’une précision insoutenable. Marlantes a mis plus de trente ans à écrire ce livre et à trouver un éditeur qui accepte de le publier. Aujourd’hui unanimement salué par la critique et comparé aux plus grands, son roman est amené à devenir un grand classique de la littérature de guerre.

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